Nous sommes au début des années 80…Nous sommes au début des années 80, nous sommes en Espagne, à Madrid. Alors que la Movida madrileña, un extraordinaire mouvement populaire créatif, vivant et coloré fait vibrer les murs de l’Espagne (voir
ici ), un groupe de pop rock composé de trois amis Madrilènes, Ana Torroja, Nacho Cano et José María Cano, voit le jour. Il s’agît du groupe de la Movida qui révolutionnera la musique espagnol pendant une décennie, Mecano. Mais d’abord, zoomons sur le passé des trois amis.
Mecano moins le quart…Issus d’une famille fermée à la musique et privés donc par elle de toute ivresse musicale, les frères Ignacio Cano Andrés (né le 26 février 1963 à Madrid) et José María Cano (né le 21 février 1959 à Madrid), vont se passionner dès adolescence pour ce qui leur a tant manqué toutes ces années d’enfance. C’est d’abord Ignacio qui eut le déclic : depuis son jeune âge, il avait décidé de devenir musicien. Il jouait dans un groupe local, Prisma. José suivit son frère, quelques années plus tard, dans cette passion pour la musique.
C’est en 1974, au cours d’une fête que José (alors âgé de 15 ans) et Ana Torroja (née le 28 décembre 1959 à Madrid) se rencontrèrent. Le courant passant bien entre eux, José invita sa nouvelle amie à chanter « Un Caballo sin Nombre » du groupe América. La voix d’Ana Torroja fascina immédiatement le public.
Mecano moins cinq…José demanda à Ana et Ignacio de participer avec lui à un concours et d’être respectivement sa seconde voix pour les chœurs et son guitariste. Ignacio (alors sous le pseudonyme de « Nacho ») et José partirent alors à la recherche de contacts leur permettant de signer dans une maison de disques. Après pas mal de recherches, ils rencontrèrent Miguel Angel Arenas avec qui ils enregistrèrent une maquette. Celui-ci leur conseilla de mettre la voix d’Ana en avant plutôt que celle de José.
Estamos en 1981…Le groupe signe chez CBS (qui est associée à Sony pour la musique) un contrat de cinq ans. Ici, l’histoire varie. Pour certains, c’est Aurelio González, le directeur artistique de CBS, qui leur trouve le nom de « Mecano », en clin d’œil au nom des deux frères Cano, pour d’autres le groupe lui-même choisi ce nom en référence au jeu de construction.
CBS refuse l’enregistrement du single
"Hoy no me Puedo Levantar" (écrit et composé par Nacho Cano) et de sa face b
"Quiero Vivir en la Ciudad" (écrit et composé par José María Cano). Mais Mecano ne compte pas en rester là et contraint CBS à céder.
Le single est un succès pour Mecano et leur permet d’affirmer leurs choix ultérieurs à CBS. S’en suivent une série de singles sur un an avec
"Maquillaje" ,
"Me Colle en una Fiesta",
"No me Enseñen la Lección" et
" Perdido en mi Habitación", qui aboutit à la sortie du 1er album du groupe intitulé simplement
"Mecano". Ces évènements rencontrent tous le succès en Espagne, mais aussi dans d’autres pays latinos comme le Pérou.
En 1983, CBS commence à mettre la pression sur le groupe pour sortir le plus rapidement possible le second album « ¿Dónde está el pais de las hadas? ». Cet album connaît un moins grand succès que l’album éponyme. Les tensions commencent à naître entre Mecano et CBS.
« Ya Viene en Sol » sort en 1984, après trois singles « Japón », « Busco algo Barato » et « No Pintamos Nada » écrits et composés par Nacho et un, « Hawaii-Bombay » par José. La situation se dégrade encore avec la maison de disques, elle devient alors insoutenable.
Un album live, « En Concierto » sort en 1985, le dernier disque de Mecano chez CBS. Le groupe signe alors chez Ariola et sortent en 1986 leur nouvel album studio (« Entre el Cielo y el Suelo ») la même année. Ce dernier rencontre un succès considérable et fait de Mecano le groupe phare des pays latinos.
La même année , CBS sort une compile de Mecano avec des titres inédits intitulée « Lo Ultimo de Mecano », puis en 1987 la compilation « 15 Grandes Exitos ». Mais il faut attendre 1988 pour que sorte chez Ariola le nouvel album : « Descanso Dominical ».
ConsagraciónC’est avec l’album Descanso Dominical et les singles « Hijo de la Luna », et surtout « Mujer contra Mujer » et sa version française « Une Femme avec une Femme », que le groupe Mecano pulvérise les frontières et se fait connaître dans les pays non hispanophones (notamment en France). L’album est publié en version italienne sous le nom de « Figlio della Luna » où Ana interprète plusieurs titres traduits.
C’est aussi en 1988 que CBS est entièrement achetée par Sony.
Un an plus tard, en 1989, sur Ariola, sort l’album « AiDalai ». Le groupe rencontre une nouvelle fois un succès magistral. L’album sort en version espagnole, française et italienne. On peut y trouver une chanson, « El Uno, El Dos, El Tres » (sur la version espagnole) / « Une Histoire à Trois » (sur la version française) écrite par José María Cano :
Voici la version française :
«
Une Histoire à TroisJe sais bien qu'un jour le jour viendra
-Sera-t-il trop tôt ou trop tard ?-
Où nous repartirons tous les trois
Sur des chemins qui nous séparent
Ce qui monte un jour devra descendre
-Le feu en laisse que des cendres-
Ce jour là il est loin, il me semble
Aussi longtemps qu'on est ensemble
Je en veux même pas y penser...
Mais si un jour le vent devait virer de bord
Je sais qu’ensemble on resterait les seuls à bord
C’est une histoire à trois
Qui en ressemble pas
A ces histoires d'amour
Histoires de cinéma
C'est une histoire à trois
Je suis eux, ils sont moi
Je suis leur voix, ils sont mes mots et ma musique...
Nous en sommes que trois petits moustiques
autour de l'ampoule électrique
Qui voudraient traverser la lumière
Pour voir ce qu'il y a derrière
Et si cette ampoule était la terre
Et qu'il fallait tourner autour
Et payer de notre vie entière
Le prix qu'il faut payer toujours
Pour avoir voulu s'envoler...
Mais si un jour le vent devait virer de bord
Je sais qu’ensemble on resterait les seuls à bord
C’est une histoire à trois
Qui en ressemble pas
A ces histoires d'amour
Histoires de cinéma
C'est une histoire à trois
Je suis eux, ils sont moi
Je suis leur voix, ils sont mes mots et ma musique...
Si un jour s'arrête la musique
Et s'il faut continuer de vivre
Je regarderai partir le cirque
Et je refermerai le livre
De cette drôle d'histoire à trois
Pourvu que je en pleure pas
Quand la musique s'arrêtera... » Un an plus tard, alors que le succès de Mecano est à son apogée, que le groupe vient de faire une tournée en Espagne, en France et en Amérique Latine, José María Cano, le même qui a écrit la chanson « El Uno, El Dos, El Tres » (dont la traduction des paroles est ci-dessus), annonce à la presse, à la grande surprise d’Ana et de Nacho, la fin de Mecano. Ana Torroja dira plus tard « La manière dont la fin de Mecano a été annoncée (par Jose) m'a attristée, mais j'ai l'espoir qu'un jour on se remette ensemble. Mecano a eu tellement de valeur qu'il méritait une autre fin. » (supplément "Evasion" du journal "La Vérite-Murcia".) Ce qu’il s’est réellement passé, personne ne semble aborder la question dans les biographies des deux seuls sites francophones sur Mecano. On lit ci et là que les membres du groupe se seraient quittés en bons termes (mais dans ce cas, pourquoi se quitter ?).
Quoi qu’il en soit, chacun est reparti de son côté, dans une carrière solo très moyenne comparée à tout ce qu’a su être et faire Mecano.
En 1998, toutefois, le groupe (probablement contraint pour des motifs commerciaux par sa maison de disque Ariola, bouffée par Sony, l’ancienne maison de disques du groupe, celle qu’il a fuit) enregistre neuf titres moyens sur une compile de Mecano intitulée « Ana, José, Nacho ». On ne nous dit pas si les chansons sont enregistrées par le groupe réuni ou si chaque membre du groupe a enregistré sa partie sur une piste sans jamais rencontrer les autres… Le fait est qu’aussitôt après, il n’y a rien eu. Aucune tournée, rien. Chacun est reparti dans son coin et l’on n’a plus entendu parler de Mecano. Mais peut-être qu’un jour prochain, on retrouvera le groupe à nouveau uni… La question que l’on peut se poser aujourd’hui « Dans quelles conditions ? ». Un des deux sites francophones sur Mecano évoque des bruits de couloir évoquant un retour de Mecano exigé par le contrat signé avec leur maison de disques. Si c’est ça, bravo, on forcerait des gens à retravailler ensemble alors qu’ils veulent se séparer, ça n’aurait rien de spontané, et ça aurait surtout pour résultat de brouiller définitivement l’amitié qui les liait ! Rien de bon ne pourra sortir par un retour forcé.
De son côté, Ana Torroja a évoqué une éventuelle collaboration avec Nacho Cano
« Nacho et moi on a toujours laissé la porte ouverte, mais sans Jose, ce ne serait plus Mecano, mais autre chose. Malgré tout, si on voulait le faire, on le ferait. » (supplément "Evasion" du journal "La Vérite-Murcia".)
José Cano reste plutôt sceptique sur le retour de Mecano, déclarant : « Tout est possible… »
(Sources : Mecano.fr.fm (http://mecanofr.chez-alice.fr ) et La Page du Groupe Mecano par Bruno Lestienne (http://mecanofrance.free.fr ) )